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Reading your mind
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11 octobre 2009

En attendant Godot - Samuel Beckett

godot

Vous me demandez des idées sur "En attendant Godot", dont vous me faites l'honneur de donner des extraits au Club d'essai, et en même temps mes idées sur le théâtre.
Je n'ai pas d'idées sur le théâtre. Je n'y connais rien. Je n'y vais pas. C'est admissible.
Ce qui l'est sans doute moins, c'est d'abord, dans ces conditions, d'écrire une pièce, et ensuite, l'ayant fait, de ne pas avoir d'idées sur elle non plus.
C'est malheureusement mon cas.
Il n'est pas donné à tous de pouvoir passer du monde qui s'ouvre sous la page à celui des profits et pertes, et retour, imperturbable, comme entre le turbin et le Café du Commerce.
Je ne sais pas plus sur cette pièce que celui qui arrive à la lire avec attention.
Je ne sais pas dans quel esprit je l'ai écrite.
Je ne sais pas plus sur les personnages que ce qu'ils disent, ce qu'ils font et ce qui leur arrive. De leur aspect j'ai dû indiquer le peu que j'ai pu entrevoir. Les chapeaux melon par exemple.
Je ne sais pas qui est Godot. je ne sais même pas, surtout pas, s'il existe. Et je ne sais pas s'ils y croient ou non, les deux qui l'attendent.
Les deux autres qui passent vers la fin de chacun des deux actes, ça doit être pour rompre la monotonie.
Tout ce que j'ai pu savoir, je l'ai montré. Ce n'est pas beaucoup. Mais ça me suffit, et largement. Je dirai même que je me serais contenté de moins.
Quant à vouloir trouver à tout cela un sens plus large et plus élevé, à emporter après le spectacle, avec le programme et les esquimaux, je suis incapable d'en voir l'intérêt. Mais ce doit être possible.
Je n'y suis plus et je n'y serai plus jamais. Estragon, Vladimir, Pozzo, Lucky, leur temps et leur espace, je n'ai pu les connaître un peu que très loin du besoin de comprendre. Ils vous doivent des comptes peut-être. Qu'ils se débrouillent. Sans moi. Eux et moi nous sommes quittes.

1948 - Samuel Beckett (1906 - 1989)

On avait beaucoup parlé de ce bouquin en première, parce que les S l'étudiaient en français. Je ne l'avais pas lu à ce moment là, et le voir sur la liste de Duruy en juin m'a fait l'attraper à Gibert. Le théâtre absurde, je l'avais rapidement côtoyé avec Caligula d'Albert Camus. J'avais pas mal aimé cette pièce, et pareil j'ai été prise dans En attendant Godot. J'ai trouvé ça drôle, vraiment. Il a le don de faire passer les idées les plus noires avec humour.

« ESTRAGON (à Pozzo). - Il voit tout en noir aujourd'hui.
POZZO. - Sauf le firmament. (Il rit, content de ce bon mot.) »

Comme pour pas mal de bouquins en ce moment, je me dis qu'il me faudrait une relecture, après avoir digéré la première fois. Puis, ça fait quelque semaines que je l'ai terminé mais je n'ai pas trouvé de temps avant pour venir ici et faire quelque chose de bien et de construit. Bref.
C'est les dialogues rapides que j'ai beaucoup apprécié. Pas mal à au début du deuxième acte. Ce qui est peut-être étrange, c'est de savoir avant de lire que Godot n'arrivera pas. Et en définitive, cela importe peu qu'il vienne ou qu'il ne vienne pas, qu'il existe ou qu'il n'existe pas. Ce n'est pas Godot, le sujet principal. C'est un peu comme Gossip Girl (excusez la comparaison...) : on s'en fout de savoir qui elle est, l'important c'est qu'elle est là et qu'elle nous raconte l'histoire. L'important c'est que Vladimir et Estragon attendent Godot, et qu'il ne vient pas.

« VLADIMIR. - ne perdons pas notre temps en vains discours. (Un temps. Avec véhémence.) Faisons quelque chose, pendant que l'occasion se présente ! Ce n'est pas tous les jours qu'on a besoin de nous. Non pas à vrai dire qu'on ait précisément besoin de nous. D'autres feraient aussi bien l'affaire, sinon mieux. L'appel que nous venons d'entendre, c'est plutôt à l'humanité tout entière qu'il s'adresse. Mais à cet endroit, en ce moment, l'humanité c'est nous, que ça nous plaise ou non. Profitons-en, avant qu'il soit trop tard. Représentons dignement pour une fois l'engeance où le malheur nous a fourrés. Qu'en dis-tu ? (Estragon n'en dit rien.) Il est vrai qu'en pesant, les bras croisés, le pour et le contre, nous faisons également honneur à notre condition. Le tigre se précipite au secours de ses congénères sans la moindre réflexion. Ou bien il se sauve au plus profond des taillis. Mais la question n'est pas là. Que faisons-nous ici, voilà ce qu'il faut se demander. Nous avons la chance de le savoir. Oui, dans cette immense confusion, une seule chose est claire : nous attendons que Godot vienne. »

Certains ont trouvé cette pièce déprimante. Je dois avouer qu'on ne peut pas dire qu'elle soit très joyeuse... Néanmoins, et ce malgré plusieurs passages très noirs, je n'ai pas envie de me passer une corde au cou.

A relire donc, quand je serai grande.

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Commentaires
T
Basiquement c'est déprimant, parce que Beckett nous renvoie au fait que l'homme a été abandonné par Dieu, et la figure divine est rabaissé par le nom de Godot, mélange entre God et Godasse(à mon grand regret, je suis une quiche en littérature, par contre j'ai retenu l'essentiel de mes cours de littérature de khâgne). Le plus simple, c'est en général d'aller pomper directement dans les critiques pour savoir ce qu'il fallait relever.
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